Guinée : Ibrahima Dioumessy dit tout sur la rafle engagée par le régime Conté après le coup Diarra

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A travers une interview exclusive accordée à notre site, le Président de l’Association des Victimes de la Répression du 4 juillet 1985,  Ibrahima Dioumessy, est revenu sur cet évènement malheureux intitulé  coup d’État Diarra Traoré, dont beaucoup de Guinéens ont été victimes collatérales.

Ibrahima Dioumessy Président de l’Association des Victimes de la Répression du 4 Juillet 1985, sur la genèse de ce fameux coup d’État :

« Ces événements ont été déclenchés plus précisément le 04 juillet 1985 à travers un communiqué lu sur les antennes de la radio nationale par Monsieur Amadou Damaro Camara membre du Conseil Suprême d’Etat. Le communiqué était un enregistrement de la voix du Colonel Diarra Traoré Ministre d’Etat chargé de l’éducation nationale. Les évènements ont commencé entre 20 heures et 21 heures, dès après la diffusion de ces messages, il y a eu des mouvements, des rafles des troubles dans Conakry et à travers tout le pays. »

Plus loin, le Président de l’AVR explique les éléments déclencheurs de cette tentative de coup d’État avec l’équipe du Colonel Diarra Traoré :

« Les événements du 05 juillet 1985, découlent du coup d’Etat du 03 avril 1984, suite à la mort du Président Ahmed Sékou Touré. Le gouvernement du feu Ahmed Sékou Touré a été renversé, et les militaires ont procédé à l’arrestation des membres du gouvernement et beaucoup de cadres du PDG « Parti Démocratique de Guinée « . Donc des clans se sont formés au sein du Comité Militaire du Redressement National CMRN. C’est la lutte de ces clans là qui a donné naissance aux événements du 05 juillet 1985. Chaque clan a ainsi renforcé ses positions à travers des alliances, et ces alliances là ont donné lieu au règlement de compte. »

Ibrahima Dioumessy revient sur la suite des événements après l’échec,  notamment la fameuse rafle en Guinée :

« Après ce fameux communiqué dont je vous parlais il y a un instant, la lutte des clans a viré à la grande rafle des ressortissants d’une  partie de la Guinée (la haute Guinée). Au cours cette rafle, l’on a pas cherché à savoir qui est coupable et qui ne l’est pas. Des barrages ont été érigés à Conakry, quand tu arrives, tu sors ta carte d’identité nationale, si par malheur tu es né dans une ville de la haute Guinée, automatiquement tu es arrêté pour être envoyé au camp Alpha Yaya Diallo. Ainsi, des milliers de Guinéens ont été victimes de cette façon. Les préfectures du pays également procedaient  de la même manière.

En exemple, un ambassadeur Guinéen à  l’époque d’un voisin a fait arrêté tous les ressortissants qu’il pouvait de la haute Guinée. Il les a embarqué ensuite dans un bus pour Conakry, précisément au camp Samory Touré. Il est allé voir le Président Lansana Conté pour lui dire qu’il a arrêté des comploteurs qui ont manifesté leur joie quand le communiqué de Diarra Traoré a été diffusé à la Radio nationale. Ainsi, Lansana Conté lui demande sur quelle base, il répond (non ils étaient très contents le communiqué a passé).  Lansana Conté lui dit, mais après la reprise effective du contrôle du pouvoir, comment avez-vous réagi ?

J’étais joyeux répond-il. Lansana Conté lui dit donc qu’il n’avait raison d’arrêter ces pauvres gens. Il lui a intimé de faire retourner ces gens où ils vivaient.

C’est pour vous dire que certains cas étaient plutôt liés à l’excès des cadres d’alors, sans le Président ne soit au courant. « 

Ibrahima Dioumessy précise :

« Nous ne disons pas que le coup d’Etat de Diarra Traoré n’a pas eu lieu, mais nous, nous avons arbitrairement été arrêtés, sans procès pendant trois ans.  Et finalement nous avons bénéficié de la grace présidentielle de la part du Président Lansana Conté.

Après notre libération, ceux qui ont été innocemment arrêtés se sont constitués en association  pour porter plainte  contre le CMRN, pour le pillage de nos biens entre autres. Mais le CMRN n’a pas bougé, du coup nous sommes allés porter plainte au niveau de Genève, et il a été demandé à l’Etat Guinéen de réviser le procès.

Ce que Le Président Conté n’a pas accepté, car ce sont ses ministres et et  cadres qui  allaient comparaître  face nous. Il nous a plutôt demandé d’accepter l’amnistie en contrepartie de nous restituer nos biens qui ont été pris pendant l’arrestation. Nous sommes à ce stade là. Les religieux qui ont été mandatés par M. Alpha Condé pour la réconciliation nationale, nous avons été les voir par rapport à notre dossier, ça n’a pas marché. Général Mamadi Doumbouya a mis en place les falicilitatrices. Nous avons été les voir. Nous leur avons dit que nous devrions être indemnisés non seulement par l’Etat Guinéen, mais parce que les Nations-Unies ont envoyé un montant de 32 millions de dollars comme fonds de consolidation pour la Paix en Guinée. Ces montants devraient être répartis comme  suit : (aux victimes du 4 juillet, l’emploi des jeunes et femmes, des volontaires qui se sont battu auprès de l’Etat Guinéen  pendant  les rébellion en Forêt et Basse Guinée en 2000.) Mais hélas, je  ne peux vous parler de l’emploi des jeunes et femmes, mais les jeunes volontaires et nous, n’avons rien reçu jusqu’à date.

Je dois préciser que certains parmi ceux qui ont été arrêtés étaient coupables, ils l’ont même revendiqué, même si le coup d’État lui, n’a pas réussi.

Interview réalisée par Daouda Yansane à Conakry

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