Le site www.i-plurielle.com était à la rencontre de madame Makalé Camara, ce lundi à son siège sis à Nongo-Contéah. Au cours de cette interview, accordée à notre rédaction, la présidente du FAN, Front pour l’Alliance National a répondu à nos différentes questions. Celles liées à son parcours, à la femme guinéenne en général et à l’actualité politique en Guinée en particulier, étaient entre autres au centre de notre entretien. Pour cerner tous les contours de cette interview, je vous invite à lire ci-dessous.
Lisez!
IP 1 : Bonjour madame. Vous êtes présidente du parti Front pour l’Alliance Nationale, FAN. Vous avez été ministre des Affaires étrangères, des Guinéens de l’étranger de 2015 à 2017, vous avez été aussi ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Guinée en France. Alors dites-nous, dans votre posture de femme surtout africaine particulièrement guinéenne, est-ce que les choses étaient faciles ?
MK: Du point de vue d’une femme, ce n’est jamais facile. Ni pour moi, ni pour aucune femme, qui veut avoir la notoriété ou qui est placée dans les instances de décision, aux hautes fonctions publiques que j’ai assumée. Parce que nous sommes d’abord des mamans, nous sommes des épouses, nous sommes femmes de famille avant d’être femmes administratives et hautes fonctionnaires. Donc ce n’est jamais facile, sans compter que là où les hommes prouvent une fois, les femmes devront prouver trois fois.
IP 2: Madame Makalé Camara, vous voir sur le terrain, ça sent la hargne, vous étiez candidate à l’élection présidentielle de 2020, contre Alpha Condé, celui qui avait fait de vous ministre en 2015. Dans cette posture, dans notre société, ça peut donner l’impression de quelqu’un de défiant. Dites-nous, comment les hommes vous voient ?
MK : Je ne sais pas ! Je ne suis pas un homme, je ne suis pas dans leur tête, rire !!! Tout ce que je sais, quand je m’accroche, je décroche. Je fais bien les choses, j’aime bien les choses bien faites ; je suis une personne avec beaucoup de rigueurs, la rigueur sur moi-même d’abord avant de la faire sur mon environnement. Alpha Condé m’a nommé ministre, c’est vrai, je l’en remercie, ça reste dans les annales de mon histoire. Mais c’était le 3ème poste ministériel que j’occupais. J’ai été ministre de la femme, ministre de l’agriculture avec l’époque 9 mille travailleurs que j’encadrais. Enfin ministre des Affaires étrangères. Je me suis présentée pas contre Alpha Condé, mais pour la Guinée. Je me suis présentée parce que j’estime que les femmes ont leur mot à dire ; j’estime que des femmes telles que moi qui ont eu à gérer plus d’une quarantaine d’années ce pays, nous avons toujours des choses à donner. Nous pouvons valoriser notre expérience mais surtout la mettre à la disposition du citoyen lambda (Sans voix). Et quand il s’agit des femmes, vous savez que c’est les plus pauvres des pauvres. Donc je pense que ma voix compte et je voudrais la faire compter, je me suis donc présentée pour continuer à aider ce pays, à dire ma part de vérité, mais surtout à apporter ma part d’expérience.
IP 3 : Depuis le 05 septembre 2021, le régime politique guinéen a changé. Nous avons basculé dans un régime militaire et d’exception. En effet, les actes sont entrain d’être posés par le colonel Mamadi Doumbaya, président de la Transition pour de lendemains meilleurs en Guinée. Makalé Camara, croyez-vous aux actes posés et à l’avenir meilleur ?
MC : Vous savez une gestion n’est jamais cent pourcent positive. Nous sommes des êtres humains, il y a de perfection qu’en Dieu. Beaucoup d’actes posés ont été applaudis par tous les Guinéens. Quand je prends la mise en place d’un gouvernement civil, c’est tout à fait à leur honneur. Quand je prends le courage d’avoir mis à la retraite des officiers supérieurs, d’avoir vidé aussi la fonction publique de tous ceux qui ont droits à la retraite, c’est un acte que je salue, bien que j’y mette un petit bémol, parce qu’on ne peut pas tout reprendre à zéro. Il est vrai qu’il y a des choses qui ne vont pas mais on ne peut dire que l’administration guinéenne est cent pourcent mauvaise, parce que nous avons accompli des choses jusqu’ici. Donc il faut faire la part des choses, il y a des fonctionnaires qui sont la mémoire et l’âme de certains ministères. Si on les déplace, si comme si on devait tout reprendre à zéro. C’est un pays qui a quand-même soixante-quatre ans d’indépendance on ne peut pas toujours repartir à zéro. Donc il y a des actes qui sont posés que je salue comme la mise sur pied de la CRIEF, avec la justice comme boussole. Oui, je crois à un devenir de la Guinée si tous les fils de ce pays se donnent la main et parlent le même langage.
IP 4 : Quelle solution que le FAN propose pour une sortie de crise ?
MC : La solution elle est simple. C’est l’inclusion sociale, c’est la cohésion, c’est le rassemblement de tous les fils de ce pays. Il faut que chacun se sente concerné. Parce qu’on est allé le chercher, parce qu’on a pris en compte ses desideratas, parce qu’on a pris en compte son besoin, parce qu’on a pris en compte ses droits humains. Si toute la Guinée pouvait se rassembler autour de cette transition pour qu’elle soit réussie, pour que seulement cette transition soit la dernière, pour que nous ne soyons pas dans un perpétuel recommencement, un pas en avant, deux pas en arrière. Si tous les Guinéens pouvaient avoir la compassion aujourd’hui les uns pour les autres, et de se donner la main, c’est ce qui essentiel, c’est d’ailleurs le premier point de mon projet de société : ‘‘la Cohésion Sociale, l’Unité Nationale’’.
IP 5 : Quelles sont vos perspectives ?
MC : Nous nous acheminons certainement vers des élections, parce que nous sommes dans une transition. Donc le parti FAN est entrain de s’implanter, le parti FAN est entrain de s’agrandir, tous les jours on a des adhésions, le parti FAN se propose de faire la tournée à l’intérieur du pays, pour aller n’est-ce pas, réveiller nos cellules dormantes, mais aussi pour aller conférer avec tous nos fédéraux sur l’ensemble du pays. Nos perspectives, nous attendons des élections puisque nous serons candidats à ces élections quelle qu’elles soient. Parce que mettre en place un parti politique, c’est de vouloir la conquête du pouvoir. Et la conquête du pouvoir se fait à travers les élections.
Madame Makalé Camara, je vous remercie !
Propos recueillis par Jack BERETE